Il ne le dit plus, mais il le fait.
(Il vous emmerde.)
Je dis vous. Je parle de ceux qui ont volé à son secours lors des dernières législatives et s’agitent et trépignent à présent, exigeant d’être reconnus comme la « majorité gouvernementale ».
Il ne le dit plus, c’est mal poli, ça marque mal, et ça ne valorise pas son homme. Mais il le fait : il vous emmerde. C’est jouissif. Outre le pouvoir lui-même avec son faste, ses honneurs et son luxe, quelles motivations, se demande parfois l’homme du commun, l’homme de pouvoir peut-il trouver à l’exercice d’une tâche somme toute harassante ? Eh bien oui, celui-là précisément, d’« emmerder son monde » ; Et cela convient particulièrement bien à l’esprit pervers d’un Macron.
Les godillots de l’Assemblée n’étaient pas à sa pointure. Il avait le pouvoir de « dissoudre », il en a usé au plus mauvais moment, semble-t-il, et au prétexte d’une situation qui ne l’exigeait nullement. Les cartes sont rebattues. Le cordonnier du suffrage universel lui a-t-il taillé chaussure à son pied ? Nullement. Son propre groupe parlementaire a perdu un tiers de ses députés, le RN en a gagné un tiers. Mais qu’importe, ce n’est pas ça l’important. L’Assemblée nationale est éclatée en trois blocs, aucun ne détient la majorité, aucun ne peut avoir (sauf fanfaronnade) la prétention de gouverner sans compromissions. Alors en ce cas, qui est-ce qui jubile, qui arbitre, qui reste maître du jeu ? C’est Manu. Et qu’importe si ces nouveaux godillots ne sont pas mieux ajustés que les précédents, il chaussera la vieille paire de bottes de l’autoritarisme qui lui sied à merveille : « ordonnances », 49.3, article 16, etc.
On a gagné ! On a gagné ! s’époumone le Nouveau Front Populaire, lequel nous a rebattu les oreilles du raccourci selon lequel la droite et l’extrême droite c’était pareil, que Macron et Bardella c’était « Blanc bonnet, Bonnet blanc ». On a gagné ! s’époumone donc le NFP ? Sept millions d’électeurs face au RN avec onze millions et à la droite, son alter ego, avec six millions.
Et pendant ce temps, le président se prélasse, prend son temps. Il emprunte son inspiration à Mitterrand : « Il faut donner du temps au temps ». La France a un gouvernement technique, pour expédier les « affaires courantes ». C’est bien suffisant lorsque l’on a un prince omnipotent. Il y a pour l’instant des choses bien plus importantes : baignades dans la Seine, jeux olympiques. Pourquoi se presser ? On nommera un nouveau gouvernement après les jeux, à la rentrée, ou peut-être même plus tard encore. Pourquoi perturber le retour à l’école de nos bambins ? Et en définitive, si on se passait de Premier Ministre, si le Président nommait lui-même les membres du cabinet. Après tout, il en est tout à fait capable, Manu. Ne nous en a-t-il pas déjà administré la preuve au temps de la séquence COVID avec le conseil scientifique et le conseil de défense sanitaire ?
Bon, je l’avoue, je ne sais pas moi-même à ce stade ce qu’il nous réserve, mais il l’a dit hier soir : le NFP n’a pas la majorité. C’est selon la constitution le Président qui nomme le Premier Ministre ; c’est lui le chef.
Complément – Vendredi 26 juillet 2024, 16 heures 45
Comme revenu chez moi je me proposai de publier cet article, j’apprends que Macron a déjà signifié son refus de nommer Lucie Castets au poste de Premier Ministre. À quelques heures de la cérémonie d’ouverture des Jeux-Olympiques, il aurait tout aussi bien pu s’abstenir, vous laisser mariner encore. Mais cela à l’évidence ne lui suffisait pas. Il voulait plus, il voulait vous énerver.
Vous pensiez peut-être qu’il vous était redevable du service rendu ce 7 juillet ? Les maîtres ne sont jamais redevables aux domestiques des services que ceux-ci leur rendent. Et ce n’est jamais de la « considération » qu’ils ont en retour, mais au contraire du mépris pour leurs valets trop obséquieux.